Après une première vague riche d’enseignements, la Fondation The Adecco Group, Walt et le cabinet Quintet Conseil, avec l’appui de BVA People Consulting, ont choisi de renouveler le Baromètre de l’Alternance pour proposer un état des lieux et des axes de réflexion dans la durée sur le dispositif de l’Alternance dont le succès tend à se pérenniser au-delà de la crise sanitaire.

 

Pour les entreprises, le choix de l’alternance est dès à présent une réelle pierre dans la politique de gestion des talents dans l’organisation

Cette nouvelle édition du Baromètre de l’alternance confirme non seulement que les entreprises n’ont pas attendu l’effet d’aubaine des aides gouvernementales pour avoir recours aux alternants, mais aussi qu’elles restent fidèles et intéressées par ce type de contrat au fil des années. En effet, 78% des entreprises faisant appel à ce type de contrat actuellement y avaient recours déjà à l’alternance il y a plus de deux ans, et 57% depuis 5 ans et plus.

Comme l’an passé, le besoin en ressources humaines prime devant tous les critères. Ainsi, 43% des entreprises déclarent avoir recours à l’alternance pour former de nouveaux salariés et ainsi les fidéliser à moyen-terme (-6 points en un an), alors qu’elles sont 37% à déclarer que cela leur permet d’embaucher tout en maîtrisant les coûts salariaux (+2 points). Néanmoins, elles sont désormais 30%, soit 9 points de plus qu’en 2021, à viser le bénéfice des aides exceptionnelles de l’Etat dans le cadre du plan de relance. Ce chiffre est à contrebalancer par le moindre recours aux autres aides (14%, soit 7 points de moins vs 2021).

 

Pour les étudiants, un réel choix sans sentiment de « passage obligé » avec l’insertion et la montée en compétences en ligne de mire

L’alternance constitue un choix, pour la quasi-totalité des étudiants, pour acquérir un diplôme ou titre professionnel. En effet, 62% d’entre eux auraient pu obtenir leur diplôme sans recourir à l’alternance.  

Les étudiants sont plus partagés que les entreprises sur les motivations qui les ont poussés à choisir l’alternance. En cette année marquée par l’inflation, le fait de pouvoir toucher un revenu tout en continuant leurs études est le premier critère affiché pour 38% des étudiants (-4 points), soit un point de plus que le souhait d’acquérir une première expérience professionnelle (37%, -6 points). Par ailleurs, il convient de noter la forte progression cette année du souhait de vouloir financer sa formation (24%, +7 points).  Cette question financière est plus prégnante parmi les alternants préparant un Bac +5 qui sont 38% à choisir ce type de contrat pour financer leur formation.

 

L’accès à l’alternance, des freins toujours importants malgré une meilleure compréhension des formations et des dispositifs d’alternance

Comme l’année dernière, les entreprises ont pour la plupart (79%) rencontré un certain nombre de difficultés à l’embauche d’un alternant malgré une baisse notable de 7 points en un an. La première des difficultés est de trouver le candidat adéquat (43%, 49% en Île-de-France), devant la lourdeur des démarches administratives (29%) et la difficulté de s’engager vis-à-vis d’alternants en raison d’un manque de visibilité budgétaire (18%, en recul de 5 points). De moins en moins d’entreprises rencontrent des difficultés à trouver la formation adéquate au regard de leurs besoins (13%, -8).

Du côté des alternants, ce sont plus de 3 élèves ou étudiants sur 4 (76%) qui ont rencontré une ou plusieurs difficultés lors de leurs recherches d’alternance, un chiffre stable par rapport à 2021.  La première des difficultés pour eux est de trouver une entreprise d’accueil (39%), devant l’éloignement géographique entre l’établissement et l’entreprise (22%). Le manque de connaissance des différents dispositifs d’alternance (19%, -5 points) et la complexité des démarches administratifs (14%, -4 points) constituent des freins de moins en moins puissants.

 

Une intégration des alternants satisfaisante mais ressentie différemment par les deux parties

La distorsion de point de vue entre entreprises d’accueil et alternants reste la même pour ce qui concerne le parcours d’intégration. Les entreprises sont 60% (-2 points) à déclarer qu’elles prévoient des dispositions en ce sens, alors que seuls ­6% (-1 points) des alternants estiment avoir suivi un parcours d’intégration ou une formation spécifique. Dans l’esprit des entreprises, le suivi et l’accompagnement par un tuteur constitue une formation en soi.

Durant leur alternance, plus d’élèves ou étudiants bénéficient du support d’un tuteur, à la fois en entreprise (78%, +5 points) et à l’école (80%, +2 points). Bien évidemment, malgré son caractère obligatoire, le tutorat ne concerne toujours pas 100% des alternants. D’ailleurs, 23% des entreprises disent avoir des difficultés à mobiliser des collaborateurs pour être tuteur.

 

Une insertion professionnelle qui se confirme et qui s’intensifie en période de baisse progressive du chômage

Comme l’an passé, la capacité d’insertion des jeunes diplômés grâce à l’alternance ne fait pas l’ombre d‘un doute pour la quasi-totalité des entreprises (94%, -1 point). Dans les faits, l’insertion dans l’emploi a progressé en une année de manière significative : 84% des interviewés sont en poste aujourd’hui, soit 5 points de plus. De plus, ces ex-alternants en poste le sont majoritairement en CDI (62%, soit 6 points de plus qu’en 2021). Cette bonne insertion semble être motivée par le « label alternance » sur le CV de ces nouveaux actifs car les alternants ne restent pas plus qu’avant dans l’entreprise où ils se sont formés.

Parmi les alternants non embauchés dans leur entreprise d’accueil, ce sont désormais 85% qui estiment que leur expérience en alternance a favorisé leur candidature auprès de recruteurs, soit 14 points de plus qu’en 2021, et 76% (+14 points) des ex-alternants qui ont trouvé un emploi en lien avec leur formation en moins d’un an. L’intérêt professionnel – et professionnalisant – sur le moyen-terme est donc largement apprécié.

 

Les ruptures de contrat, des situations assez courantes mais révélatrices d’un accompagnement à améliorer

Ce sont 36% des entreprises et 20% des alternants qui déclarent avoir eu recours à des ruptures de contrat en cours d’alternance. D’après les alternants interrogés, celles-ci auraient tendance à être plus courantes pour les contrats d’apprentissage que pour les contrats de professionnalisation (24% vs 11%).

Les témoignages des deux parties ne semblent pas tout à fait s’accorder sur la perception de la situation : les entreprises estiment que l’alternant n’a pas donné satisfaction dans la réalisation de ses tâches (58%) ou dans son comportement (54%) alors que les alternant déclarent qu’ils ne souhaitaient plus rester dans l’entreprise (38%).