BVA et la Fondation Jean-Jaurès publient une étude inédite sur la notion d’engagement chez les Français et les Françaises. Après l’abstention record lors des élections régionales et départementales de juin 2021, l’engagement fait-il encore sens en France aujourd’hui ? Les Français sont-ils prêts à s’engager ? L’engagement politique est-il encore pertinent pour défendre une cause ou des convictions ? À moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, découvrez cet état des lieux complet de l’engagement, réalisé auprès de 3.000 Français dont les résultats ont été dévoilés en exclusivité par L’obs.

 

  1. Engagés ? Oui, mais…

L’engagement : une notion perçue positivement qui résonne bien plus sur le plan personnel et individuel que collectif
Si le mot « engagement » évoque quelque chose de positif pour 82 % des Français, les évocations spontanées associées à cette notion relèvent davantage du champ individuel que collectif : 55 % des citations renvoient à des valeurs ou à une ligne de conduite personnelle.
Il est intéressant de constater que l’engagement politique émerge très peu spontanément : il représente 3 % des citations seulement.

Un engagement qui concerne une majorité des Français
63 % des Français se considèrent personnellement comme « engagés », même si 11 % se déclarent en effet « très engagés ».
Ce sont les jeunes qui se considèrent comme les plus fortement engagés : 72 % des 18-24 se considèrent engagés, dont 17 % « très engagés ». Ces résultats viennent relativiser certains propos décrivant les jeunes comme massivement désengagés ou indifférents à ce qui les entoure. 

Une forme d’individualisation de l’engagement dont témoignent les formes qu’il prend
De façon très concrète, les Français s’engagent davantage via des actions personnelles (signer une pétition, faire un don ou encore boycotter une marque ou une entreprise) que collectives (grèves et manifestations, pratiquées par une minorité des personnes interrogées).  Seul un tiers des Français déclarent être membre d’une association, d’un syndicat ou d’un parti politique ou faire partie d’une réserve citoyenne, et peu sont membres actifs.

 

  1. Quand l’engagement ne passe plus par la politique

Le paradoxe du vote
C’est sans doute ce hiatus, cette vision particulière et intime de l’engagement, qui explique en partie la crise de la démocratie actuelle. Très spontanément, on l’a vu, l’engagement ne renvoie que peu à une dimension collective, sociétale et encore moins politique.
Pour autant, le vote reste vu comme le moyen le plus efficace pour défendre des convictions ou s’engager pour une cause, avec l’engagement associatif : 70 % le jugent efficace dont 31 % « très efficace ». Les deux tiers des Français déclarent d’ailleurs voter à toutes les élections ou presque (67 %), même si dans les faits, ils ne se déplacent pas aussi souvent.
Le vote est ainsi perçu comme un moyen efficace de porter une conviction, mais relativement traditionnel et pas à même de porter toutes les formes d’engagement (ainsi, les « anti » votent peu).

 

Et l’élection présidentielle ?
Lorsque l’on interroge, de façon ouverte, les Français sur ce que revêt la notion d’engagement dans le cadre de l’élection présidentielle, ils pensent d’abord à l’engagement des candidats avant de penser à leur propre engagement dans cette élection. En effet, seules 4 % des personnes interrogées évoquent spontanément le fait de voter à cette élection. Il n’y a donc quasiment aucune forme de réciprocité. La plupart des citations tiennent, au contraire, « au programme électoral [et au fait] de s’y tenir » ou, de façon générale, au fait de « tenir ses engagements » (15 % des citations).
Dans un contexte de défiance à l’égard des politiques, l’élection présidentielle de 2022 suscite néanmoins un intérêt significatif : les trois quarts des Français (76 %) se déclarent intéressés par cette élection, 40 % s’y intéressent même déjà beaucoup.  Pour autant, dans la plupart des cas, cet intérêt ne se traduira pas par un réel engagement au sens militant du terme : 13 % des sondés seulement envisagent de soutenir financièrement un candidat ou le font déjà, 15 % participeront à la campagne d’un candidat. Un quart (25 %) prévoit toutefois d’assister à des meetings.

 

  1. Le nouveau patriotisme

Si l’on sent une tension entre engagement et collectif ou, a minima, entre engagement et politique, il est un résultat qui montre clairement que les Français sont encore prêts à s’engager pour le bien commun, pour la société :

– près des deux tiers des Français seraient prêts à s’engager pour défendre leur pays en cas de conflit, dont 23% « certainement » ;

– un Français sur deux (51 %) se dit même prêt à risquer sa vie pour défendre son pays, dont 17 % « certainement » : c’est énorme !

Parmi les différents éléments symbolisant la République, c’est la devise « Liberté, égalité, fraternité » qui fédère le plus. 41 % des Français déclarent, en effet, que c’est à ce symbole de la République qu’ils sont le plus attachés, loin devant La Marseillaise citée par 19 % de l’échantillon, le drapeau tricolore (17%) ou encore le 14 Juillet (9%).

 

Retrouvez la note complète de l’étude : https://www.bva-group.com/wp-content/uploads/2021/07/Note-etude-engagement.pdf