A l’occasion du lancement du Forum des jeunes LGBT+, les résultats de l’enquête BVA sur l’état des LGBT-phobies chez les jeunes ont été présentés. Sont restitués, ci-dessous, les principaux enseignements.

A l’heure où le premier quinquennat d’Emmanuel Macron s’achève, quel bilan peut-on tirer de son action en matière de lutte contre les LGBT-phobies ? La situation s’est-elle améliorée ? Les personnes LGBT+ sont-elles mieux acceptés que par le passé ? Les comportements LGBT-phobes sont-ils toujours aussi présents, que ce soit au sein de la société dans son ensemble ou dans le cercle plus fermé de la famille ? Quelles sont les attentes des Français vis-à-vis de l’Etat pour les années à venir ?

Des Français plus nombreux que par le passé à estimer que la situation des personnes LGBT+ s’améliore : l’amorce d’une dynamique positive ?

Les Français se montrent toujours partagés quant à l’acceptation des personnes LGBT+ au sein de la société : la part de ceux jugeant que leur situation s’est améliorée au cours des cinq dernières années (46%) est, en effet, égale à celle de ceux considérant qu’elle est restée identique ou qu’elle s’est même dégradée (respectivement 37% et 9%, soit 46% au total). Néanmoins, il faut noter que les premiers sont bien plus nombreux qu’il y a deux ans (39%; + 7 pts) ; des résultats à mettre en relation avec la mise en œuvre des récentes lois (PMA, interdiction des thérapies de conversion) et qui signifient, peut-être, le début d’une réelle amélioration à leurs yeux.

D’ailleurs, cette tendance se confirme dans l’ensemble des sphères de vie observées : dans le monde du travail (40% perçoivent une amélioration; + 5 pts par rapport à 2020), dans le monde sportif (36%; + 8 pts) et à l’école (34%; + 9 pts). Toutefois, dans ces deux derniers domaines, la situation reste tout de même fragile : si plus d’un tiers des Français estime qu’il y a eu une amélioration, 42% n’ont, quant à eux, pas vu d’évolution (que ce soit dans le monde du sport ou à l’école) et un Français sur dix pense même que les personnes LGBT+ y sont moins bien acceptées qu’auparavant.

Des propos homophobes ou transphobes toujours aussi répandus

Comme en 2020, les deux tiers des Français déclarent avoir déjà entendu des propos homophobes ou transphobes : 48% affirment même avoir fait face à cette situation plusieurs fois (- 3 pts). Si les agressions verbales semblent se faire un peu plus rares que par le passé (23% ; – 8 pts), elles sont pour autant loin d’être inexistantes puisqu’un quart des répondants en a été témoin. Les agressions physiques constituent toujours, elles aussi, une réalité préoccupante : 11% des Français déclarent avoir déjà assisté à ce type de situation.

Le terme « PD » est, quant à lui, toujours banalisé : plus de trois quarts des interrogés l’ont déjà entendu (76%), et pour la grande majorité, plusieurs fois (64%).

Les comportements de rejet des parents à l’égard de leur enfant LGBT+ sont globalement condamnés mais une minorité non négligeable de Français cautionne encore certaines attitudes

Dans un contexte où les actes LGBT-phobes semblent diminuer au sein de la société, mais croître au sein du cercle familial (Rapport annuel de l’association SOS Homophobie), les Français se montrent globalement sévères quant aux comportements extrêmes des parents vis-à-vis de leur enfant LGBT+ : par exemple, 84% ne comprennent pas que ces derniers puissent le bannir du domicile familial et 83% qu’ils refusent tout contact avec lui.

L’opposition s’avère, toutefois, légèrement moins importante lorsqu’il s’agit du refus d’accepter que leur enfant soit LGBT+ (71%) ou qu’il ait un ami ou un compagnon LGBT+ (77%) : c’est donc un Français sur cinq (19%) qui peut comprendre qu’on n’accepte pas l’orientation sexuelle de son enfant, signe qu’il reste encore de nets progrès à accomplir pour que ces enfants soient pleinement acceptés.

L’indulgence est encore plus élevée à l’égard des parents qui s’opposent à la transition de leur enfant : si 54% dénoncent cette attitude, plus d’un quart des Français disent comprendre ce comportement (29%). Sur ce sujet, une forte sensibilisation reste encore à faire pour faire évoluer les mentalités.

Des attentes toujours prononcées vis-à-vis de l’Etat

S’ils sont moins nombreux qu’en 2020 à estimer que l’Etat doit s’impliquer davantage dans la lutte contre les LGBT-phobies (43% ; – 6 pts), en écho à leur sentiment que la situation s’améliore au niveau de la société, les Français se montrent toutefois toujours très favorables à son implication. 75% jugent, notamment, que le gouvernement doit soutenir la mise en place de dispositifs d’accueil spécifiques pour les jeunes rejetés par leurs parents en raison de leur orientation sexuelle et/ou identité de genre, une proportion plutôt similaire à celle observée il y a deux ans (77% ; – 2 pts).

Plus de deux tiers des Français assurent également que l’Etat doit accroître ses actions de lutte au sein du milieu scolaire (67%) ; domaine où la situation peine à s’améliorer, comme nous l’avons vu précédemment. Si les actions mises en place doivent, certes, avant tout être destinées aux écoliers/élèves, le corps enseignant doit, pour beaucoup, également être mis à contribution dans cette démarche (67%).

Les deux tiers des Français (65%) souhaitent également que l’on puisse sensibiliser les enfants à ce sujet dès le plus jeune âge, alors même que le Président s’y était récemment opposé. Mais cette proportion est toutefois en baisse depuis l’an dernier, l’opposition à cette idée gagnant du terrain (21%; +4).