Une opinion publique « figée » sur la réforme : une opposition au projet qui ne se dément pas
De nombreux indicateurs sur la perception du projet de réforme des retraites sont stables ou se consolident depuis la semaine dernière, comme si les Français étaient figés dans leur opposition, dans l’attente d’une inflexion gouvernementale qui ne vient pas.
- Ils sont toujours une nette majorité à considérer qu’il ne faut pas mettre en œuvre cette réforme (56% ; +1). C’est toujours le caractère injuste de ce projet qui les inquiète (74%; +4), tout comme le sentiment que ce n’est ni pérenne (62%; +4), ni nécessaire (59%; +4). L’opposition à la principale mesure du projet, l’augmentation de l’âge de départ en retraite continue par ailleurs de cristalliser l’hostilité à la réforme (69%; +3), le projet étant par ailleurs perçu comme de plus en plus illisible (74%; +4 depuis la semaine dernière; +11 depuis janvier).
- L’approbation du mouvement social reste par ailleurs élevée (66%; stable), tout comme le souhait que la mobilisation se poursuive (63%; +1).
Des Français néanmoins fatalistes et qui commencent à être gagnés par un début de résignation
Le sentiment que le mouvement social va porter ses fruits et mener le gouvernement à retirer son projet, ou du moins faire des concessions, a toutefois du mal à résister chez les Français. Seuls 42% pensent que des concessions vont être faites par le gouvernement (-3 points). Même en cas de durcissement du mouvement, les Français sont sceptiques sur la propension du gouvernement à retirer son projet face à la rue : seuls 41% y croient (-5 points depuis la semaine dernière).
Par ailleurs, même si ce sont toujours l’inquiétude (43%; -2) et la colère (41%; -2) qui dominent quand on demande aux Français quel est leur état d’esprit à l’égard de ce projet de réforme, les répondants sont de plus en plus nombreux à nous faire part de leur résignation (20%; +3).
En définitive, trois Français sur quatre (75%; stable) continuent de penser que la réforme sera adoptée.
Nette baisse des cotes de popularité d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne
Dans ce contexte, le couple exécutif fait face à un rejet plus important des Français. Seuls 34% des Français déclarent avoir une bonne opinion d’Emmanuel Macron : c’est son plus mauvais score depuis février 2020, soit avant la crise du COVID qui lui avait permis de regagner des points dans l’opinion.
En première ligne sur la réforme, la Première ministre voit sa cote de popularité reculer de manière plus significative encore (30%; -4), soit son plus mauvais score depuis sa nomination. A noter que le rôle de « paratonnerre » du Premier ministre par rapport au Président semble relativement fonctionner puisque la cote de popularité d’Elisabeth Borne décroche de celle d’Emmanuel Macron.
Une image redorée pour les syndicats
A l’inverse du couple exécutif, les organisations syndicales connaissent un net « retour en grâce » à la faveur d’un mouvement social sans débordement où leur attitude semble saluée. Ainsi, près d’un Français sur deux déclare en avoir une bonne image dans le cadre de ce projet de réforme (47%), soit 3 points de plus que la semaine dernière.
La stratégie de LFI critiquée par les Français…
L’attitude très offensive de la France insoumise à l’Assemblée nationale ne recueille guère l’assentiment des Français. Seuls 24% ont une bonne image des députés de cette sensibilité dans le cadre des débats autour de la réforme, soit un recul de 3 points par rapport à la semaine dernière.
Dans le détail, seule une minorité de répondants considère que les députés LFI défendent bien les intérêts des Français (27%), ont des propositions claires (26%), sont convaincants (23%) ou présentent une alternative crédible au gouvernement (22%). Si 33% estiment qu’ils incarnent la première opposition à l’exécutif, moins d’un Français sur cinq (19%) juge que leur stratégie est efficace.
… et quelque peu questionnée par ses sympathisants
Logiquement, les sympathisants LFI se distinguent par une image très positive de leurs députés dans le cadre de la réforme (86%), au moins 80% d’entre eux considérant qu’ils défendent bien les intérêts des Français, sont convaincants ou offrent une alternative crédible. Toutefois, un tiers (32%) s’interrogent sur la stratégie menée à l’Assemblée en la jugeant « pas efficace », signe des doutes ayant pu saisir une partie des personnes proches de ce mouvement quant à l’obstruction menée par les députés durant les débats.
A l’inverse, le Rassemblement national sort de la séquence avec une image moins négative
Ainsi, 37% des Français déclarent avoir une bonne image des députés du Rassemblement national dans le cadre de la réforme, en hausse de 2 points par rapport au mois dernier. C’est le seul parti qui voit son image progresser, à un niveau assez nettement supérieur aux autres, alors même que ses députés se sont montrés plutôt discrets à l’Assemblée nationale. Une attitude qui ne suscite aucune critique auprès des sympathisants du parti, 93% ayant une bonne image de leurs députés.